DÖKK NÓTT*

Avec la série *Sombre Nuit – Dökk Nótt de son titre original, islandais – Daniel Kermann nous confronte à une vision sombre de ces paysages d’Islande que tous connaissent – même ceux qui n’ont jamais pris l’avion pour Reykjavik – pour les voir régulièrement étaler leurs couleurs parfois lumineuses, parfois désaturées, souvent humides, dans les pages des magazines photos. Alors que le photographe amateur, muni de son coûteux matériel, s’extasie, et souhaite que l’on s’extasie avec lui, sur ces vallées, ces volcans, ces ciels immenses d’où l’homme est absent, dans une communion béate et peu distanciée avec la Nature (si heureusement préservée qu’on ne voit ni l’avion ni le 4x4 qui l’ont amenés), les photographies de Daniel Kermann nous rappellent combien la nature peut être hostile, la vie précaire et âpre, les hommes traversant de leurs infrastructures des zones protégées. La mort rôde, qui, dans cet élan brutal, nous ramène paradoxalement à la vie, celle, dense, de l’homme qui ne se contente pas d’une vue en surplomb, mais est pleinement au monde. Servi par une esthétique "noir et blanc" forte, à la "are, buke, boke*", on traverse l’Islande comme jamais – comme on traversait le Japon avec le groupe Provoke ... à la hache !

Guillaume de Smedt

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